Archives de catégorie : COVID-19

courrier des fédérations de l’éducation

Monsieur Jean-Michel BLANQUER
Ministre de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse
110 rue de Grenelle
75357 Paris SP 07

Paris le 1 er avril 2020

Monsieur le Ministre,

Alors que les vacances de printemps démarreront ce samedi dans la zone C, vous avez annoncé la mise en place, pendant cette période, d’un programme de soutien scolaire divisant ainsi les élèves en deux catégories, celles et ceux qui auraient besoin de se reposer et celles et ceux qui auraient besoin de remédiation.

Tous les élèves, parents d’élèves et personnels ont droit aux vacances et en ont besoin. Les parents d’élèves demandent à ce que s’arrête la pression qui s’exerce sur eux et leurs enfants.

Continuer à marteler qu’il faut faire de la remise à niveau à distance pour certains élèves, c’est entretenir l’idée que l’objectif reste d’avancer vers l’acquisition de nouvelles notions sans qu’il n’y ait de freins importants voire insurmontables par certains. Des élèves ont des difficultés qui ne peuvent être dépassées que par un accompagnement spécifique et en présentiel sur du long terme, d’autres n’ont pas les conditions matérielles et enfin des familles sont plongées dans les plus grandes difficultés pour soutenir leurs enfants. Certaines ne le peuvent pas par manque de connaissances, de matériel, d’espace ou de disponibilité. Ce faisant, vous demandez aux parents d’endosser un rôle qui n’est pas le leur. Face à l’ampleur de la tâche, se développent culpabilité parentale, stress, situations conflictuelles provoquant au mieux renoncement au pire des violences verbales ou physiques.

L’heure est à prendre soin de sa santé sans ajouter de la culpabilité, c’est pourquoi les exigences ministérielles doivent être réorientées. Il faut cesser de tenir médiatiquement et dans les instructions transmises un discours de continuité pédagogique qui induit l’idée de progressions, d’assimilation de notions nouvelles.

Les inégalités existent, le confinement, hélas, n’efface pas ces réalités mais les révèle plus cruellement encore et les exacerbe. Il convient de ne pas les creuser davantage. Il s’agit avant tout de maintenir le lien avec les élèves et les familles pour les rassurer et les accompagner, dans le respect du droit à la déconnexion de tous et des statuts des personnels. Il convient aussi de faciliter pour tous la reprise quel que soit le moment où elle aura lieu.

Vouloir à tout prix enseigner de nouvelles notions durant la période de confinement va inévitablement aggraver les inégalités scolaires, entre les élèves qui auront été dans des conditions matérielles propices aux apprentissages et les autres. Dans ce sens, il ne doit pas y avoir de prise en compte d’évaluations qui auraient eu lieu pendant la période de confinement, ni au retour de celle-ci sur ce qui aurait été étudié dans cette période.

S’il est nécessaire de se poser ensemble la question de l’après, il faut cesser sur le temps présent de multiplier les messages. Il faut au contraire avoir une parole claire et rassurante : si le lien éducatif a été maintenu avec les élèves dans la période de confinement, le fonctionnement normal de l’école s’est arrêté le 13 mars et à la reprise, tous les éléments de programme seront repris en tenant compte de ce temps suspendu : c’est cela qui constituera la continuité des apprentissages due à tous les élèves.

Il est donc nécessaire que vous affirmiez clairement aux enseignant-es comme aux familles, que les vacances scolaires doivent être un temps de repos et de coupure. Faisons confiance aux équipes pour maintenir le lien éducatif avec leurs élèves et les familles.

C’est ce message que nos organisations portent ensemble aujourd’hui.

C’est ce message que nous vous demandons d’adresser rapidement à l’ensemble de la communauté éducative.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos salutations respectueuses.

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Communiqué de presse fsu

Paris le 1er avril 2020

POUR UN TRAITEMENT MOINS INÉGALITAIRE, UN REPORT DE LA PROCÉDURE D’AFFECTATION «PARCOURSUP » EST INDISPENSABLE

Malgré la situation de confinement due au coronavirus, le calendrier Parcoursup est maintenu sous prétexte que la procédure est totalement dématérialisée [1]. Les élèves ont donc jusqu’au 2 avril pour compléter leur dossier avec des documents demandés par certaines formations (CV, lettres de motivation, …) et confirmer leurs vœux.

Pour s’adapter à la situation d’urgence sanitaire, le ministère propose divers moyens [2] à l’élève pour terminer la procédure : numéro vert, permanence téléphonique du lycée, messagerie, réseaux sociaux, site web Parcoursup. Les professeur·es, notamment principaux/ales, et les Psychologues de l’Éducation Nationale (PsyEN) sont chargé·es d’aider leurs élèves par n’importe quel moyen. Mais, confiné·es dans leurs familles, les différences de conditions de vie et de logement (fratrie malade, promiscuité, exiguïté, stress, fatigue émotionnelle, insomnie, dépression, équipements insuffisants, services internet limités ou défaillants) devraient s’ajouter aux inégalités sociales pré-existantes et celles habituellement engendrées par Parcoursup [3]. Le ministère n’a aucune idée du matériel informatique et de la qualité de la connexion dont disposent les foyers. Il va même jusqu’à exiger que “toute personne qui connaît des candidats résidant en « zone blanche » sans accès à internet est invitée à faire connaître les possibilités aux candidats concernés”. Comment ? Par téléphone ? Le ministère invite-t-il cette personne à rendre visite aux candidat·es alors qu’il est interdit de sortir (ce cas n’est pas prévu parmi ceux permettant une sortie du domicile) ? Les solutions proposées par le ministère ne prennent pas en compte la disponibilité des personnels éducatifs qui ont également aussi une famille et rencontrent eux-mêmes également des problèmes consécutifs au confinement et de la surcharge de travail du suivi à distance des apprentissages de leurs élèves ou étudiant·es.

Avec l’autonomie des établissements d’enseignement supérieur, c’est à chacun d’eux de résoudre la mise en place de la procédure d’examen des dossiers. Compte tenu des difficultés des jurys des commissions d’examen des vœux et des commissions d’accès à l’enseignement supérieur à se réunir, le risque est grand de voir s’accroître encore le recours aux algorithmes locaux particulièrement stigmatisants et opaques pour les lycéen·nes.

Pour une égalité pour toutes et tous, les syndicats de la FSU (SNASUB, SNEP, SNES, SNESUP, SNETAP, SNUPDEN, SNUEP) demandent un décalage du calendrier prenant en compte la période de confinement à la fois pour la confirmation des vœux mais aussi pour le retour des résultats des établissements d’enseignement supérieur.

Les syndicats de la FSU sont conscients que ce décalage peut engendrer une augmentation de la pression des demandes de logements consécutifs à l’acceptation dans une formation. A charge au gouvernement de mettre les moyens après le confinement pour aider les élèves à trouver un logement. Dans les filières sélectives, les syndicats de la FSU appellent les collègues à examiner les dossiers avec “bienveillance” et attirent l’attention sur les inégalités sociales qu’engendrent les oraux en visioconférences ou par téléphone. Concernant les licences, le SNESUP-FSU réaffirme la nécessité de ne pas classer les dossiers pour permettre l’accès à tous et toutes à l’enseignement supérieur dans la filière du choix de l’élève et rappelle son mot d’ordre “toutes et tous ex aequo”.

[1] Ordonnance n°2020-351 et Procédure parcoursup et vovid-19 : organisation des commissions d’examen des vœux : https://services.dgesip.fr/fichiers/Covid_19-Fiche-formations-CEV_.pdf
[2] https://www.parcoursup.fr/index.php?desc=covid19
[3] https://www.snesup.fr/sites/default/files/fichier/mensuel_ndeg_683_dossier_formation.pdf

SNESUP-FSU – 78 rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris – Tél. : 01 44 79 96 10 – sg@snesup.frwww.snesup.fr
SNES-FSU – 46 avenue d’Ivry 75647 Paris Cedex 13 – Tél.: 01 40 63 29 00 –
secgene2@snes.eduhttps://www.snes.edu/
SNASUB-FSU – 104 rue Romain Rolland – 93260 LES LILAS – Tél : 01 41 63 27 51
snasub.fsu@snasub.frhttp://www.snasub.fr/
SNEP-FSU – 76 Rue des Rondeaux – 75020 Paris – 01 44 62 82 10
https://www.snepfsu.net/
SNETAP-FSU – 251 Rue de Vaugirard 75732 PARIS Cedex 15 – Tél. : 01 55 76 92 80
snetap@snetap-fsu.frhttps://www.snetap-fsu.fr/
SNU.PDEN-FSU – Bourse du Travail – Place de la Libération 93016 Bobigny Cedex
Tél. : 06 36 95 35 94 – snupden@fsu.frhttp://snupden.fsu.fr/
SNUEP-FSU – 38 rue Eugene Oudiné 75013 Paris – Tél : 01 45 65 02 56
snuep.national@wanadoo.fr – http://snuep.fr/

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Coronavirus, Droits des personnels

Mise à jour le dimanche 15 mars 2020

Le premier ministre vient d’annoncer le passage au stade 3 et la fermeture de tous les lieux publics dits non indispensables à la vie du pays. Il a rappelé que toute réunion non indispensable doit être annulée dans les entreprises comme dans l’administration. C’est en contradiction avec les propos du ministre Blanquer – certainement écarté des décisions et toujours motivé par son image au détriment de la santé des personnels.
Le ministre Blanquer a tenté de clarifier les choses ce matin : “les professeurs dans leur majorité resteront à la maison”, “les professeurs présents demain le seront sur la base du volontariat”, “il est hors de question de faire se déplacer quelqu’un de façon non indispensable” tout en précisant que c’est “le chef d’établissement qui décide qui vient ou pas”.
Dans ce contexte, le SNUEP-FSU appelle les personnels à préserver leur santé et celle de leurs proches et donc à ne pas se rendre dans les établissements lundi.
Cet après-midi, le ministre a diffusé une lettre aux Recteurs et Rectrices allant dans ce sens : pas de réunions ni de déplacements dans les établissements. Selon la FAQ du ministère, les PFMP sont suspendues jusqu’à nouvel ordre lorsque le lieu de stage ne peut plus accueillir l’élève.
Le SNUEP-FSU continuera à alimenter cette lettre d’info au fur et à mesure de l’évolution de l’actualité.

Que faire si vous êtes appelé·e à venir dans votre établissement ?
Au regard de la situation sanitaire (passage au stade 3), des déclarations du président de la République, du 1er Ministre, du Ministre de la Santé, des recommandations de la DGAFP (voir ci-dessous), le SNUEP-FSU vous appelle à ne pas vous rendre dans votre établissement, sauf si cela est indispensable. L’arrêté du 14 mars précise que l’accueil des usagers est suspendu jusqu’au 29 mars. Élèves et parents d’élèves ne peuvent se rendre dans les établissements. Les conseils de classe ne peuvent donc se tenir en présentiel dans l’établissement puisque élèves et parents ne peuvent venir. Exigez que les conseils de classe se tiennent à distance : visioconférence, téléconférence, échanges téléphoniques ou mail entre le PP et la direction. Les conseils de discipline, conseil de classe et les CA doivent être reportés.
Le ministre a assuré ce matin qu’il n’y aurait pas de retenue sur salaire. Le SNUEP-FSU sera à vos côtés si une hiérarchie zélée et peu au fait des considérations humaines entamait des démarches contraires à cet engagement ministériel.
Le Ministère a affirmé vendredi 13/03 aux organisations syndicales que la foire aux questions ministérielle avait valeur de circulaire. Or, il y est clairement écrit que la règle est le télétravail. Lien vers consignes ministérielles et extrait sur le télétravail ci-dessous. Plus aucun doute n’est permis !

Dans la situation actuelle, le SNUEP-FSU estime que la priorité est la santé de toutes et tous afin de sortir rapidement de cette crise. Le SNUEP-FSU ferme ses locaux et annule ses réunions. Nous restons bien évidemment joignables par mail, téléphone portable et sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook) pour répondre à toutes vos questions.

Bon courage à toutes et à tous !

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Bien syndicalement,
Pascal MICHELON
Co Secrétaire Académique SNUEP-FSU GRENOBLE

Annonce

Après les annonces d’hier soir et le confinement annoncé, le SNUEP-FSU appelle les collègues à ne pas se rendre dans les établissements lundi et dans les jours à suivre. La situation sanitaire grave que nous vivons implique de nous protéger, de protéger nos proches et de protéger toutes personnes / collègues que nous risquons de rencontrer.

Le ministre a été une fois de plus discrédité par le gouvernement et semble de fait écarté des décisions importantes. Ses interventions ce matin sur France Info révèlent qu’il contredit ses propos d’hier. Cependant, Il persiste à rester flou sur certaines questions (AESH, PFMP…) et refuse toujours d’apporter des réponses claires et cadrées nationalement.

En ce qui concerne notre organisation nous appelons tout-es les militant-es à éviter les transports publics et à fermer les locaux syndicaux. Vous pouvez relayer et transmettre le message.

Bon courage à toutes et tous.

Pascal MICHELON Co-secrétaire académique

Situation sanitaire : les agents de la Fonction publique exigent des réponses

Suite à l’allocution du président de la République hier, le ministère de la Fonction publique convoque lundi matin une réunion « relative à la gestion du Covid-19 dans les services publics de façon à assurer la mobilisation des agents et leur protection ».

Alors que nous traversons une crise d’ampleur planétaire, et comme précédemment lors de circonstances comparables, les services publics, la Fonction publique, celles et ceux qui les font vivre au quotidien sont en première ligne pour répondre aux besoins de la population dans des conditions particulièrement difficiles.

Une fois encore, fonctionnaires et agents publics, régulièrement qualifiés de privilégiés – nous l’avons encore largement entendu ces derniers mois concernant les retraites – se voient soudain parés de toutes les vertus et leur dévouement est unanimement salué.

Dans son allocution, le président a été bien obligé de reconnaître l’apport des services publics (mais seulement quand le destin frappe…) et la nécessité de les maintenir en dehors des lois du marché. Cette rupture dans les propos doit être transformée en rupture dans les actes car la crise en cours est hélas la triste occasion de vérifier combien sont ravageurs les effets des coupes budgétaires décidées par les gouvernements successifs, particulièrement à l’hôpital.

Outre les conséquences délétères des politiques d’austérité, outre la pression liée à la situation d’urgence, les conditions d’exercice des missions sont aussi rendues difficiles par l’absence de cadre national clair en matière de gestion des effets de la crise pour les personnels.

Alors qu’un décret a été pris fin janvier pour le secteur privé concernant les absences des salariés et leurs effets en matière de rémunération, les personnels de la Fonction publique sont à ce stade renvoyés à une circulaire nationale qui ne vaut que recommandation et à des dispositifs de gestion décidés secteur par secteur. Le ministre Dussopt n’a rien trouvé de mieux à faire le 11 mars que de confirmer par un courrier que les personnels touchés par le Coronavirus sont assujettis au jour de carence, en contradiction avec ses propos du 3 mars en conseil supérieur de la fonction publique de l’État.

C’est intolérable !

Nous exigeons par conséquent des décisions et annonces gouvernementales urgentes sur les points suivants déjà soulevés dans de multiples interpellations :

  • a minima la suspension immédiate du jour de carence (dont nous rappelons notre demande d’abrogation)
  • la mise à disposition des équipements indispensables tant pour les personnels exposés que pour les usagers
  • le respect plein et entier du droit de retrait des personnels – un cadre national définissant les conditions d’autorisation d’absence des personnels et garantissant le maintien de leur rémunération lorsqu’ils sont confinés en raison de l’état de santé de leurs proches, contraints de rester chez eux pour garder leurs enfants ou maintenus à domicile en raison de la fermeture de leur service.
  • l’arrêt des réformes en cours – notamment celle portant sur la suppression des CHSCT – et le retrait du projet de loi retraites que le gouvernement s’acharne à imposer contre la majorité de la population et des organisations syndicales, dans un contexte de crise sanitaire et économique qui ne permet pas le libre exercice du débat démocratique et de l’expression des revendications sociales.

Ces exigences seront au cœur de la réunion du 16 mars et le ministre Dussopt devra enfin y répondre.

Paris, le 13 mars 2020