COMMUNIQUE DE PRESSE

Pour des mesures d’urgence et une stratégie globale contre le Covid19 en milieu scolaire

Presque un an après le début de la crise sanitaire, la gestion ministérielle de ce dossier est marquée par de très nombreuses insuffisances qui frisent parfois l’irresponsabilité. Enfermé dans un déni coupable de réalité, le ministre de l’Éducation nationale multiplie les sorties médiatiques à contre-courant de la situation sanitaire réelle. Il prend aussi des décisions incompréhensibles dont la dernière en date est l’allègement du protocole sanitaire alors même que les variants circulent davantage sur le territoire. Pourtant les différents avis et études scientifiques convergent tous pour mettre en avant le rôle actif de l’école dans la diffusion de l’épidémie.

Attachés au maintien de l’ouverture des écoles et des établissements comme à la scolarité en présentiel des élèves, la FSU, la FCPE, le collectif Ecole et Familles oubliées exigent la mise en place d’un protocole sanitaire qui permettrait enfin d’assurer la protection des élèves et des adultes et plus largement de la société par une gestion responsable et volontariste de la crise sanitaire. Parmi les mesures à prendre en urgence :

  • la diffusion par aérosol est un élément clé de la circulation rapide du virus. Cette donnée n’a jamais vraiment été prise en compte par le ministère de l’Éducation nationale : les établissements scolaires ne sont toujours pas équipés en détecteurs de CO2, les conditions d’aération sont déplorables. C’est uniquement grâce à des initiatives individuelles (parents d’élèves, enseignants) ou politiques (collectivités territoriales) que des capteurs de CO2 sont installés dans certaines classes. L’Éducation nationale en est donc réduite à compter sur la grande débrouille de ses usagers. Nous exigeons l’équipement en détecteurs de CO2 de toutes les écoles, établissements scolaires et CIO, des purificateurs d’air pour les cantines, ainsi que la mise en place d’une large campagne d’information et de sensibilisation sur la diffusion par aérosol.
  • la politique de tests/traçage/isolement n’est pas à la hauteur, encore plus dans un contexte de diffusion des variants anglais, brésilien et sud africain. Nous demandons qu’il n’y ait pas de distinction en fonction des variants : un cas positif doit entraîner la fermeture de la classe et les adultes doivent être systématiquement considérés comme cas contacts. La politique de tests doit être renforcée : si l’annonce de tests salivaires va dans le bon sens, elle est insuffisante face aux enjeux de la période. Il faut davantage de tests, réguliers, une stratégie de déploiement plus lisible et mieux coordonnée ainsi qu’une plus grande réactivité des ARS. Il s’agit également de mettre en place une surveillance épidémiologique avec une stratégie de dépistage de masse, entraînant des tests réguliers.
  • il est incompréhensible que l’Éducation nationale ne soit pas en mesure de fournir des données fiables et précises sur le nombre de cas (y compris de variants), les conséquences en terme de fermeture de classes et d’établissements, le nombre de tests, leur type, les résultats par académie et au niveau national. Nous exigeons que ces données soient fournies chaque semaine, en open data.
  • nous réitérons notre demande que l’État fournisse des masques chirurgicaux aux élèves. L’interdiction de porter des masques faits maison ne s’est pas accompagnée d’une mesure de gratuité ce qui met de nombreuses familles en difficulté alors même que la crise économique frappe durement bon nombre de ménages. De plus, la fourniture de masques chirurgicaux permet de s’assurer du renouvellement régulier et de la qualité des masques portés par les élèves.

Ces mesures urgentes doivent s’accompagner d’une réelle réflexion et concertation sur le meilleur moyen de sécuriser les établissements scolaires. Des moyens humains et financiers doivent aussi être débloqués à court et moyen terme : pour assurer les remplacements, pour préparer la rentrée 2021, pour alléger les effectifs, pour engager les aménagements nécessaires dans les locaux etc…

Nos organisations exigent donc la mise en place d’une stratégie globale de lutte contre le covid19 et de prévention en milieu scolaire. Il y a urgence !

À Paris, le 24 février 2021

pétition pour la neutralisation du chef-d’oeuvre

Jean Michel Blanquer poursuit sa politique de destruction de la voie professionnelle sans tenir compte de la crise sanitaire exceptionnelle que nous subissons.

Il prétend en faire une voie d’excellence, mais en réalité, aveuglé par son idéologie libérale, il n’a de cesse de l’ignorer, de la démanteler et de l’appauvrir.

  • De l’ignorer, comme le prouve sa communication concernant les adaptations de la session 2021 du baccalauréat général et technologique. Il n’y a qu’un paragraphe concernant les examens dans la voie professionnelle, dans lequel il multiplie les approximations et les oublis, laissant ainsi les personnels dans l’incertitude. Les CAP et l’épreuve orale qui comptera pour moitié dans l’obtention du chef-d’œuvre ne sont pas évoqués. La mise en place de ce dispositif est un échec et les élèves de CAP ne pourront pas être évalué·es équitablement pour cette session 2021. Ces élèves, qui conjuguent les difficultés, ne doivent pas essuyer les plâtres de cette épreuve orale. Pour l’intersyndicale, dans le contexte sanitaire actuel, il est indispensable de neutraliser la session 2021 du chef-d’œuvre. (Lien vers la pétition).
  • De la démanteler, comme en témoigne le bilan catastrophique de sa réforme qui s’attaque aux heures disciplinaires et à la qualité des contenus de formations en empilant chef-d’œuvre, co-intervention et heures d’accompagnement personnalisées dont beaucoup sont dédiées à l’orientation. Les adaptations de la co-intervention en terminale organisent la concurrence entre les disciplines tout en démontrant l’essoufflement et l’échec de ce dispositif. Cette réforme amplifie la perte de sens du métier ressentie par de nombreux et nombreuses collègues. L’intersyndicale exige du ministre qu’il renonce à sa réforme et qu’il légifère rapidement pour redonner du temps d’enseignement général et professionnel aux jeunes dans l’objectif d’améliorer leur poursuite d’études et leur insertion professionnelle.
  • De l’appauvrir, car la réforme de la voie professionnelle a aussi un objectif comptable. La réduction drastique des volumes horaires enseignés dans le cursus de formation du CAP et des Bacs pros se traduit, sur trois ans, par des suppressions massives de postes. Dans les DHG, elles sont grossièrement camouflées par l’explosion, sans précédent, des heures supplémentaires. Les conditions de travail des personnels et d’apprentissage des élèves ne cessent de se dégrader d’autant que le mixage des publics se développe. La loi Pénicaud de septembre 2018 achève le sous-financement des lycées professionnels en faisant passer la part hors quota de la taxe d’apprentissage, de 23% à 13%. Les 87% restant vont aux CFA. De plus, le gouvernement a débloqué plus de 1 milliard d’euros pour soutenir l’apprentissage. Sa priorité, par une mise en concurrence faussée, est bien la destruction de l’enseignement professionnel sous statut scolaire.

Face à ce mépris et à ces attaques multiples, des mobilisations locales s’organisent et se multiplient dans beaucoup d’établissements, notamment pour combattre les suppressions de postes et les fermetures de sections. Nos organisations syndicales CGT Éduc’action, SNUEP-FSU, SNEP-FSU, SNALC, SUD Éducation, CNT Éducation soutiennent l’ensemble de ces luttes et appellent à poursuivre les mobilisations en cours. Elles réitèrent leur demande d’un plan d’urgence pour la voie professionnelle. Nos organisations se reverront début du mois de mars pour proposer aux personnels des cadres unitaires de mobilisations, notamment face aux annonces du ministre à la suite du Grenelle.

Paris, le 16 février 2021

Un vaccin disponible pour toutes et tous le plus tôt possible

Dans le contexte particulièrement anxiogène généré par la pandémie, la découverte et la production de vaccins, surs et efficaces, contre la Covid 19 sont vécues comme le seul espoir de voir la situation s’améliorer.

Au-delà des débats sur la nature et l’efficacité de chacun des vaccins, c’est la campagne de vaccination qui nous inquiète gravement.

Il semble que la stratégie de « vaccination progressive » annoncée par le gouvernement, masque une situation dramatique de pénurie d’approvisionnement des vaccins. Nos organisations nous rapportent en effet les difficultés rencontrées par les salariés assurant des missions essentielles de service public et les retraité·e·s âgés de plus de 75 ans qui le souhaitent, pour obtenir des rendez-vous et à fortiori pour se faire vacciner.

  • Il est de la responsabilité du gouvernement de créer les conditions d’un approvisionnement suffisant en vaccins pour l’ensemble de la population.
  • Il nous paraît également indispensable de multiplier les centres de vaccination et de les doter de personnels qualifiés suffisants afin que l’accès soit possible pour les personnes âgées isolées et éloignées des lieux de vaccination.

Face à une épidémie mondiale qui ne pourra être surmontée que si l’ensemble des pays bénéficient de la vaccination, il apparaît que les pays les plus riches ont préempté 90 % de la production des vaccins agréés de l’année 2021.

  • Le gouvernement doit agir afin que les brevets attachés aux vaccins contre la Covid 19 soient considérés comme des biens publics internationaux afin qu’ils puissent être produits en France et dans tous les pays où cela est possible et répartis équitablement.

Par ailleurs, il n’est pas acceptable qu’une société comme Sanofi, qui a largement bénéficié de subventions de l’État pour développer la recherche et vu ses profits augmentés de 340 % en 2020, annonce en pleine pandémie la suppression de 1700 emplois, dont 400 de chercheurs. Et ce, après avoir reçu la visite et les félicitations du président de la République et distribué généreusement des dividendes à ses actionnaires.

  • Le gouvernement doit intervenir pour préserver le potentiel de recherche de cette société en l’obligeant à revenir sur cette décision.
  • Nous demandons qu’un Pôle public du médicament soit mis en place.

Dans cette situation de pénurie les différentes générations sont mises en concurrence et les retraité·e·s sommés de renoncer à leur espérance de vie. C’est inacceptable, insoutenable moralement et dangereux pour la cohésion sociale.

Pour éviter cette perspective dramatique, la pénurie de vaccins et les dysfonctionnements de l’organisation des campagnes de vaccination doivent être surmontés au plus vite.

Montreuil, le 16 février 2021

COMMUNIQUE DE PRESSE

Handicap : en finir avec la précarité des AESH !

Le choix de la semaine du 11 février, jour anniversaire de la loi de 2005, n’est pas le fruit du hasard et permet d’attirer l’attention sur toutes les personnes sans lesquelles l’école inclusive ne serait pas possible. C’est le cas des AESH dont la mission quotidienne auprès des élèves en situation de handicap est essentielle au bon fonctionnement du service public d’éducation.

La FSU soutient les AESH mobilisé-es dans de nombreux départements, à l’appel de la FSU et d’autres organisations syndicales, pour dénoncer l’absence de reconnaissance et la précarité dont ils et elles sont victimes.

Aujourd’hui les AESH représentent près de 110 00 agents qui accompagnent les élèves tout au long de leur scolarité. Ce sont très majoritairement des femmes à plus de 90%, âgées de 45 ans en moyenne. Elles sont recrutées sous contrat et peuvent accéder à un CDI après six ans de contrat.

Mais les conditions auxquelles elles sont engagées actuellement sont indignes :

Plus de 96% des AESH travaillent à temps incomplet, avec des quotités de travail moyennes aux alentours de 60% dans les écoles et de 65% dans les établissements du second degré. Ce temps de travail est calqué sur la semaine scolaire.

Des durées hebdomadaires de travail très basses – 20 heures, 24 heures, 28 heures… – ont des incidences sur les salaires qui sont très bas. Ainsi une AESH travaillant 24 heures par semaine sera rémunérée à hauteur de 760 euros par mois. Selon l’INSEE, on est considéré comme pauvre en France quand les revenus mensuels sont inférieurs à 885 euros ou 1 063 euros selon qu’on utilise le seuil de pauvreté fixé à 50% ou 60% du niveau de vie médian.

Lors du premier contrat une AESH est recrutée aujourd’hui à l’indice 332. Il s’agit de l’indice minimum de la Fonction publique, aligné sur le niveau du SMIC. Elle pourra au mieux espérer atteindre l’indice 363 qui est l’indice maximum de rémunération. Cela représente 31 points d’indice supplémentaires, soit 145 euros bruts en perspective pour toute une « carrière » au service des élèves qu’elles accompagnent. Et cela correspond à une hausse moyenne annuelle de 0,5%, soit nettement moins que l’inflation.

Les conditions de travail des AESH ont été dégradées par la création des pôles inclusifs d’accompagnement localisé (PIAL), en instituant comme norme, l’accompagnement de plusieurs élèves sur plusieurs établissements, de l’école maternelle au lycée.

Depuis les années 1980, l’accompagnement des élèves en situation de handicap concentre à lui seul tout l’historique de la précarité, cela a assez duré ! La FSU exige du ministre un véritable engagement pour sortir de cette spirale infernale.

Cela passe par une hausse des salaires, une meilleure reconnaissance professionnelle et un engagement à faire de la mission d’AESH un véritable métier, sous statut de la Fonction publique. Enfin le ministère doit aussi s’engager sur l’amélioration des conditions de travail, ce qui implique l’abandon des PIAL, la sortie de la logique de mutualisation des accompagnements et un budget pour recruter des AESH en nombre suffisant.

Les Lilas, le 11 février 2021

COMMUNIQUE DE PRESSE

Violences sexuelles et inceste : l’Éducation Nationale, un acteur incontournable !

La parole se libère enfin sur l’inceste et les violences sexuelles à l’encontre des enfants. Le sondage Face à l’inceste 2020, réalisé par IPSOS, révèle que 10% des Français, soit 6,7 millions de personnes, se déclarent victimes d’inceste en France. Le #MeTooInceste est édifiant : des milliers de victimes osent révéler les crimes dont elles sont et ont été victimes. En France, 3 élèves par classe de CM2 en moyenne ont subi des violences sexuelles.

Parce que l’École est un des principaux lieux de vie des enfants et des jeunes, elle doit avoir les moyens de prendre toute sa place dans la prévention et le repérage de ces violences ainsi que dans la protection et l’accompagnement des victimes. Un protocole clair et rigoureux doit être largement diffusé à tous les personnels pour clarifier les démarches et des moyens ambitieux dédiés pour que les services sociaux, de police et de justice traitent rapidement les alertes. Il y a urgence à donner les moyens pour détecter au plus tôt, protéger et accompagner les victimes et ne pas laisser les agresseurs dans l’impunité.

L’Éducation nationale doit assurer une formation initiale et continue en direction de tous les personnels pour qu’ils puissent accueillir la parole, mais aussi savoir repérer les comportements que développent les enfants victimes et rendre plus accessible les outils d’information mis à disposition sur les démarches à suivre en cas de suspicion de violences sexuelles sur enfant.

Les victimes doivent également pouvoir avoir accès à des professionnel.le formé.es et soumis.es au secret pour recueillir leur parole, être entendues et orientées à bon escient. C’est pourquoi nous appelons également au renforcement de la consultation infirmière libre d’accès dans les établissements scolaires et à l’appui par des assistant.e.s de service social, formé.e.s, capable d’évaluer et d’orienter par une connaissance fine du réseau partenarial.

Enfin, la sensibilisation de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale ne suffira pas sans moyens d’accompagnement renforcés pour l’ensemble des services publics intervenant en protection de l’Enfance, soutien et soin à la réparation des victimes et, pour éviter la récidive, un accompagnement vers le soin des agresseurs.

Les Lilas, le 09 février 2021