Lettre à Édouard Philippe

Monsieur Édouard Philippe

Hôtel Matignon
57 rue de Varenne
75700 Paris

Paris, le 21 mars 2020

Monsieur le Premier Ministre,

La crise sanitaire que nous traversons est d’une gravité extrême. Les personnels de l’Éducation, de l’enseignement agricole et du versant territorial de la Fonction publique que nous représentons en ont pris la mesure. Le bilan des derniers jours montre un grand élan de solidarité envers les personnels

soignants et de nombreux exemples le prouvent Les enfants des soignants ont été pris en charge partout où cela a été nécessaire, très souvent sans mise à disposition des moyens de protection nécessaires (gels hydroalcooliques, masques…), ce qui ne doit pas perdurer. Dans le même temps, les personnels font le maximum pour maintenir, avec beaucoup d’engagement, une activité scolaire à distance avec les élèves maintenant confinés.

Nous souhaitons par cette lettre attirer votre attention sur quelques points problématiques et qui le deviennent davantage suite aux interventions du ministre de l’éducation nationale dans les médias qui ne sont rien d’autre que des injonctions paradoxales comme celle d’inciter enseignant·es et familles à se déplacer pour échanger les exercices ou « devoirs ». Ces interventions sont également relayées dans l’enseignement agricole et maritime où elles posent les mêmes problèmes.

Il est très important que les élèves gardent le contact avec les équipes éducatives. Pour autant, nous le savons, l’école à distance ne peut remplir les mêmes objectifs que la classe et la vie dans l’établissement scolaire. Tous les élèves ne disposent pas du matériel ni de la connexion leur permettant de tirer parti des propositions des équipes pédagogiques. Tous les élèves n’ont pas la même autonomie de travail ni les mêmes facilités d’apprentissages. Les parents ne sont pas des professeurs et il serait faux de leur demander de remplacer l’école, d’autant que les familles peuvent être mises en grande difficulté dans la période. De plus, l’Education nationale et l’Enseignement agricole peinent à offrir un cadre respectueux de la réglementation, dont le RGPD, pour répondre au trafic de masse en cours.

Or, dans de trop nombreux cas les personnels sont soumis à des injonctions qui entrent en contradiction avec la priorité à la sécurité sanitaire que vous avez préconisée. Des personnels sont encore soumis à des pressions et se voient encore aujourd’hui appelés à travailler dans les écoles, établissements ou services alors que rien ne justifie leur déplacement au regard des tâches essentielles de continuité de service.

Nous pensons aux enseignant.es mais aussi aux personnels administratifs, de vie scolaire, aux agents territoriaux et aux AESH. D’autres sont invités à donner rendez-vous aux familles dans les commerces pour remettre des photocopies, etc… Il est d’ailleurs ubuesque que des agents publics se voient ainsi sommés par leur hiérarchie de contribuer à contourner les règles qui structurent le confinement.Nous vous demandons que les personnels de l’EN, de l’enseignement agricole et maritime et des collectivités territoriales bénéficient des protections nécessaires et que des préconisations claires leur soient adressées, contrairement à ce qui s’est fait jusqu’alors : quand leur présence ne relève pas d’une absolue nécessité et d’une immédiateté justifiée par l’organisation concrète de la

continuité du service, pour l’organisation de l’accueil des enfants de soignants ou pour toute autre mission de soutien aux soignants, les personnels ne doivent pas être sommés de se rendre sur leurs lieux de travail mais recevoir l’ordre de rester confinés chez eux, soit en télétravail, soit en autorisation spéciale d’absence. Et les personnels présentant une fragilité médicale, ou gardant des enfants de moins de 16 ans, ne doivent plus subir de pression à quitter la situation de confinement pour se rendre au travail.

Nous demandons en outre des clarifications sur la manière dont la fin d’année est envisagée et dont la préparation de rentrée s’organise. Personne ne peut connaître l’évolution exacte de la situation, mais échanger pour aboutir nous semble nécessaire : question des examens et concours, report des opérations de carte scolaire permettant un échange serein de l’ensemble de la communauté éducative.

Nous avons d’ailleurs écrit en ce sens au Ministre de l’Education Nationale mais tenons à ce que ces problématiques soient clairement intégrées à la gestion de crise globale, la coordination de l’ensemble des services publics et des services de l’Etat étant un enjeu stratégique de premier ordre.

Benoit Teste
Secrétaire Général de la FSU

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Coronavirus, Droits des personnels

Mise à jour le dimanche 15 mars 2020

Le premier ministre vient d’annoncer le passage au stade 3 et la fermeture de tous les lieux publics dits non indispensables à la vie du pays. Il a rappelé que toute réunion non indispensable doit être annulée dans les entreprises comme dans l’administration. C’est en contradiction avec les propos du ministre Blanquer – certainement écarté des décisions et toujours motivé par son image au détriment de la santé des personnels.
Le ministre Blanquer a tenté de clarifier les choses ce matin : “les professeurs dans leur majorité resteront à la maison”, “les professeurs présents demain le seront sur la base du volontariat”, “il est hors de question de faire se déplacer quelqu’un de façon non indispensable” tout en précisant que c’est “le chef d’établissement qui décide qui vient ou pas”.
Dans ce contexte, le SNUEP-FSU appelle les personnels à préserver leur santé et celle de leurs proches et donc à ne pas se rendre dans les établissements lundi.
Cet après-midi, le ministre a diffusé une lettre aux Recteurs et Rectrices allant dans ce sens : pas de réunions ni de déplacements dans les établissements. Selon la FAQ du ministère, les PFMP sont suspendues jusqu’à nouvel ordre lorsque le lieu de stage ne peut plus accueillir l’élève.
Le SNUEP-FSU continuera à alimenter cette lettre d’info au fur et à mesure de l’évolution de l’actualité.

Que faire si vous êtes appelé·e à venir dans votre établissement ?
Au regard de la situation sanitaire (passage au stade 3), des déclarations du président de la République, du 1er Ministre, du Ministre de la Santé, des recommandations de la DGAFP (voir ci-dessous), le SNUEP-FSU vous appelle à ne pas vous rendre dans votre établissement, sauf si cela est indispensable. L’arrêté du 14 mars précise que l’accueil des usagers est suspendu jusqu’au 29 mars. Élèves et parents d’élèves ne peuvent se rendre dans les établissements. Les conseils de classe ne peuvent donc se tenir en présentiel dans l’établissement puisque élèves et parents ne peuvent venir. Exigez que les conseils de classe se tiennent à distance : visioconférence, téléconférence, échanges téléphoniques ou mail entre le PP et la direction. Les conseils de discipline, conseil de classe et les CA doivent être reportés.
Le ministre a assuré ce matin qu’il n’y aurait pas de retenue sur salaire. Le SNUEP-FSU sera à vos côtés si une hiérarchie zélée et peu au fait des considérations humaines entamait des démarches contraires à cet engagement ministériel.
Le Ministère a affirmé vendredi 13/03 aux organisations syndicales que la foire aux questions ministérielle avait valeur de circulaire. Or, il y est clairement écrit que la règle est le télétravail. Lien vers consignes ministérielles et extrait sur le télétravail ci-dessous. Plus aucun doute n’est permis !

Dans la situation actuelle, le SNUEP-FSU estime que la priorité est la santé de toutes et tous afin de sortir rapidement de cette crise. Le SNUEP-FSU ferme ses locaux et annule ses réunions. Nous restons bien évidemment joignables par mail, téléphone portable et sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook) pour répondre à toutes vos questions.

Bon courage à toutes et à tous !

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Bien syndicalement,
Pascal MICHELON
Co Secrétaire Académique SNUEP-FSU GRENOBLE

Annonce

Après les annonces d’hier soir et le confinement annoncé, le SNUEP-FSU appelle les collègues à ne pas se rendre dans les établissements lundi et dans les jours à suivre. La situation sanitaire grave que nous vivons implique de nous protéger, de protéger nos proches et de protéger toutes personnes / collègues que nous risquons de rencontrer.

Le ministre a été une fois de plus discrédité par le gouvernement et semble de fait écarté des décisions importantes. Ses interventions ce matin sur France Info révèlent qu’il contredit ses propos d’hier. Cependant, Il persiste à rester flou sur certaines questions (AESH, PFMP…) et refuse toujours d’apporter des réponses claires et cadrées nationalement.

En ce qui concerne notre organisation nous appelons tout-es les militant-es à éviter les transports publics et à fermer les locaux syndicaux. Vous pouvez relayer et transmettre le message.

Bon courage à toutes et tous.

Pascal MICHELON Co-secrétaire académique

Situation sanitaire : les agents de la Fonction publique exigent des réponses

Suite à l’allocution du président de la République hier, le ministère de la Fonction publique convoque lundi matin une réunion « relative à la gestion du Covid-19 dans les services publics de façon à assurer la mobilisation des agents et leur protection ».

Alors que nous traversons une crise d’ampleur planétaire, et comme précédemment lors de circonstances comparables, les services publics, la Fonction publique, celles et ceux qui les font vivre au quotidien sont en première ligne pour répondre aux besoins de la population dans des conditions particulièrement difficiles.

Une fois encore, fonctionnaires et agents publics, régulièrement qualifiés de privilégiés – nous l’avons encore largement entendu ces derniers mois concernant les retraites – se voient soudain parés de toutes les vertus et leur dévouement est unanimement salué.

Dans son allocution, le président a été bien obligé de reconnaître l’apport des services publics (mais seulement quand le destin frappe…) et la nécessité de les maintenir en dehors des lois du marché. Cette rupture dans les propos doit être transformée en rupture dans les actes car la crise en cours est hélas la triste occasion de vérifier combien sont ravageurs les effets des coupes budgétaires décidées par les gouvernements successifs, particulièrement à l’hôpital.

Outre les conséquences délétères des politiques d’austérité, outre la pression liée à la situation d’urgence, les conditions d’exercice des missions sont aussi rendues difficiles par l’absence de cadre national clair en matière de gestion des effets de la crise pour les personnels.

Alors qu’un décret a été pris fin janvier pour le secteur privé concernant les absences des salariés et leurs effets en matière de rémunération, les personnels de la Fonction publique sont à ce stade renvoyés à une circulaire nationale qui ne vaut que recommandation et à des dispositifs de gestion décidés secteur par secteur. Le ministre Dussopt n’a rien trouvé de mieux à faire le 11 mars que de confirmer par un courrier que les personnels touchés par le Coronavirus sont assujettis au jour de carence, en contradiction avec ses propos du 3 mars en conseil supérieur de la fonction publique de l’État.

C’est intolérable !

Nous exigeons par conséquent des décisions et annonces gouvernementales urgentes sur les points suivants déjà soulevés dans de multiples interpellations :

  • a minima la suspension immédiate du jour de carence (dont nous rappelons notre demande d’abrogation)
  • la mise à disposition des équipements indispensables tant pour les personnels exposés que pour les usagers
  • le respect plein et entier du droit de retrait des personnels – un cadre national définissant les conditions d’autorisation d’absence des personnels et garantissant le maintien de leur rémunération lorsqu’ils sont confinés en raison de l’état de santé de leurs proches, contraints de rester chez eux pour garder leurs enfants ou maintenus à domicile en raison de la fermeture de leur service.
  • l’arrêt des réformes en cours – notamment celle portant sur la suppression des CHSCT – et le retrait du projet de loi retraites que le gouvernement s’acharne à imposer contre la majorité de la population et des organisations syndicales, dans un contexte de crise sanitaire et économique qui ne permet pas le libre exercice du débat démocratique et de l’expression des revendications sociales.

Ces exigences seront au cœur de la réunion du 16 mars et le ministre Dussopt devra enfin y répondre.

Paris, le 13 mars 2020

Retraites : après le 49.3, Rien n’est joué !

Malgré le mouvement social inédit et continu depuis le 5 décembre contre le projet de loi de réforme des retraites, malgré le soutien massif de la population à la mobilisation et au retrait de ce projet, malgré l’avis cinglant du Conseil d’État et de nombreux économistes, le gouvernement vient de dégainer son ultime argument : l’article 49.3 de la Constitution.

Ainsi, alors que disposant d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, il entend au travers de cette stratégie faire taire tout débat démocratique au moment même où la question de l’âge pivot et de la valeur du point devaient être étudiées. C’est la marque d’un pouvoir fragilisé, incapable de justifier cette réforme, présentée comme « universelle » et « plus juste », de fait contestée de toute part et qui a amené déjà le gouvernement à garantir le maintien de nombreux régimes spécifiques : force de l’ordre, pompiers, armée…

Finalement cette réforme ne doit pas être si juste et bénéfique pour en exclure des catégories professionnelles ! Face à ce déni de démocratie, les organisations syndicales engagées contre ce projet de réforme des retraites, entendent poursuivre et amplifier la mobilisation pour obtenir le retrait de cette réforme qui ferait de nous toutes et tous les grand.es perdante.es, en particulier les femmes et les emplois précaires.

Rien n’est joué ! Le parcours législatif est loin d’être clos (Sénat et Commission mixte), le Conseil Constitutionnel doit ensuite valider le texte qui serait adopté, les mobilisations vont se poursuivre…

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